Catégorie : Féminisme

Rage against the machisme – Mathilde Larrère

“Les femmes ont une histoire, une histoire de luttes pour leurs droits, conquis, arrachés, défendus, une histoire de colère contre les discriminations, les inégalités, une Rage against the machisme .”

Je suis féministe, ça, vous le savez puisque je vous l’ai déjà dit. Je crois même qu’à partir du moment où l’on est pour l’égalité, on est féministe, qu’on soit homme ou femme. Et je lis des recueils, des essais des romans féministes.

Si je ne devais retenir qu’un seul livre sur l’histoire du féminisme, alors ce serait celui-ci.

L’historienne Mathilde Larrère retrace 200 ans de féminisme. 200 ans de combats, de Olympe de Gouges à Simone Veil, en passant pas Louise Michel, Hubertine Auclert et toutes les figures du mouvement féministe de ces deux siècles précédents # metoo et les colleuses.

Extrêmement bien documenté, précis et parfaitement illustré (j’ai un gros crush pour les symboles typographiques entre les paragraphes qui sont sous forme de clitoris, de cup ou encore d’utérus !), tous les combats féministes y sont répertoriés.

Lutte pour l’égalité, pour les droits de voter, s’instruire, se défendre, gouverner leurs propres corps, mais aussi l’émancipation des femmes des colonies : autant de domaines où la liberté de femmes a été bafouée, autant de droits à conquérir et à défendre, encore, aujourd’hui et demain.

Les chapitres sont riches et appuyés par des citations de grandes femmes de toutes époques, de chants, poèmes, manifestes et écrits féministes de tout temps.  

Il y a aussi une chronologie du féminisme et une bibliographie détaillée des livres portant sur le sujet.

Rage against the machisme est plus que complet. J’en connais beaucoup sur le féminisme à force de m’éduquer sur ce sujet depuis longtemps, mais j’ai quand appris beaucoup de choses, des récits de femmes méconnues, des détails sur certaines autres histoires et même des subtilités que je n’avais pas saisies.

Et le bonus, c’est que ce livre est accessible à tou-te-s.

Il n’y a ni ennui ni redondance. Le style d’écriture est moderne et piquant. Il n’a rien à voir avec des milliers de livres d’histoire chaine et démotivant. Non, ce livre est mordant et même drôle parfois. Je crois que même des jeunes ados peuvent le livre (genre ma fille de 13 ans).

Bien sûr, il met aussi en colère. Tous nos acquis d’aujourd’hui ont nécessité des combats difficiles et ces femmes ont dû ruser et rester déterminées. J’ai eu maintes fois envie de prendre la Delorean de Marty et Doc pour flanquer des rousses aux hommes ultras misogynes d’antan !

Mais ce qui énerve le plus, c’est qu’en 2020, nous devons encore nous battre pour nos droits, pour l’égalité et pour disposer de nos corps comme nous le souhaitons. Je termine donc avec cette célèbre citation qui est tristement d’actualité, encore et toujours :

“N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. ”

Simone de Beauvoir

Simone Veil l’immortelle — Pascal Bresson et Hervé Duphot

« Simone Veil, née Jacob, rescapée de la Shoah, a fait de la lutte pour les droits des femmes son combat. Une lutte contre le sexisme, la misogynie et pour la dignité qu’elle porta au sein de l’Assemblée nationale alors qu’elle était ministre de la Santé. Une bataille qu’elle ne cessera de mener. Disparue le 30 juin 2017, elle entre au Panthéon le 1er juillet 2018 ».

Au départ, je cherchais des BD pour ma fille qui n’aime lire que ça. Mais je cherchais des livres particuliers, ceux qui parlent des femmes, ceux racontent les combats féministes, ceux qui permettent de ne pas oublier.

Je suis féministe, une fervente féministe. Je lutte tous les jours, je vais aux manifestations, je colle des affiches, je fais des tracts, je lis et je m’instruis, je participe aux débats, je partage, publie sur les réseaux sociaux, et pour finir, dans les cours d’effeuillage Burlesque que je donne, j’aide les femmes a prendre ou à reprendre leur place et à s’accepter telles qu’elles sont. Bref, je donne ma petite pierre à l’édifice.

Pour moi, c’est important d’éduquer les enfants pour qu’ils vivent dans une société égalitaire. Et la lecture est tout aussi importante. Sauf, comme je le dis plus haut, ma fille n’aime que les BD. Heureusement, il en existe des superbes sur ces sujets-là !

Dans celle-ci, nous suivons le parcours de Simone Veil à l’aube de son fameux discours du 26 novembre 1974 avec lequel elle va changer la loi sur l’IVG. 

À travers ses yeux, et grâce aux flash-backs sur son enfance à Nice au début de la guerre et de l’oppression des juifs, en passant par les rafles et les camps de concentration, nous assistons à l’évolution d’une jeune femme engagée.

Un parcours chaotique qui l’a mené vers les combats en faveur des minorités et des femmes. On découvre comment et pourquoi la jeune Simone devient cette femme forte et déterminée à combattre les inégalités.

Les dessins très réalistes, ce qui nous transporte vraiment. Puis, les couleurs (bleu, jaune et gris) représentent les différentes périodes de sa vie. 

C’est aussi un récit criant de vérité. Retranscrire l’histoire de cette grande dame en une seule BD est risqué tant elle a œuvré dans sa vie, mais ici, le pari est réussi !

J’ai adoré cette lecture et j’ai hâte d’avoir l’avis ma fille.

Vox – Christina Dalcher

Jean McClellan est une brillante scientifique, docteure en neurosciences. Mais depuis la montée au pouvoir d’un parti fondamentaliste, elle n’exerce plus. Et elle n’est pas seule. Toutes les femmes ont perdu ce droit. Ainsi que tous les autres. Même leur parole est censurée car elle ne peuvent prononcer que 100 mots maximum par jour. Un « bracelet » les compte et gare à elles si elle dépassent.

Mais quand le frère du président est victime d’une aphasie, Jean est priée de renverser la vapeur. En échange, elle a la possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle- de son quota de mots.

Mais en recouvrent la parole, elle va découvrir bien d’autres horreurs prévues pour rendre les femmes encore plus dociles.

Clairement, ce roman est flippant !dans un monde proche du notre, ce genre de dérive peut vite arriver et en le lisant, je n’ai pas arrêté de me dire que part certains choses, on en est pas loin.

Simone de Beauvoir disait qu’il suffisait d’une crise économique ou politique pour faire reculer le droit des femmes. Là, dans ce roman, c’est clairement ce qui est remis en question.

Cette dystopie sociale ne peut que raisonner en nous, femmes et hommes.

C’est un récit prenant, autant au niveau de la lecture car les pages défilent sans qu’on puisse s’arrêter. Mais aussi dans le sens où on ne cesse de se questionner et de faire des parallèles avec nos existences et les actualités de ces dernières années.

Même si la fin est, pour moi, un peu décevante, je ne peux que vous conseiller cette lecture.

Dans la lignée de ma servante écarlate, il est indispensable de continuer à lire ces œuvres pour ne pas oublier qu’on peut tous perdre nos droits si nous ne faisons rien.

Le consentement – Virginie Springora

C’est une lecture attendue car ce sujet m’intéresse particulièrement.

Vanessa Springora nous raconte comment elle est tombée sous la coupe de M. un écrivain célèbre, surtout connu pour ses relations avec de très jeunes gens.

Elle a 13 ans quand elle le rencontre et elle est fascinée par cet homme charismatique. Au fil des pages, la jeune V. prend conscience de ce qu’est réellement cet homme dont elle est amoureuse : un manipulateur et un pédophile.

La maniere de raconter cette histoire est surprenante, je ne m’attendais pas à ça. Et surtout pas à ma réaction en lisant les premières chapitres. L’auteure nous livre sans fard ce qu’elle a ressenti au plus profond d’elle. Elle l’aimait, profondément. Je me suis même dit que du coup, elle était complètement consentante.

Et puis, le vrai visage de cet enfoiré se révèle. (j’ai d’autres mots pour le décrire mais celui est le plus soft). Sous couvert de notoriété et de son statut d’artiste, il abuse des très jeunes filles et s’en vante dans ses romans. Et au delà de 18 ans, ça ne l’intéresse plus.
Mais son emprise est tellement forte que pendant 30 ans, l’auteure en a ressenti sa trace. C’est juste horrible.

Et ça pose la question suivante: quelle est la limite du consentement ? Parce que là, clairement, on se la pose à chaque page.

Et c’est ça la force de ce genre d’individu. Inverser les rôles, faire en sorte que sa victime paraisse toujours consentante. A tel point que la victime est persuadée de l’être. 
Et surtout envers de jeunes filles. Faut le dire, à 13 ans, on n’a pas le recul et l’expérience nécessaire pour se rendre compte qu’on peut tomber dans une relation hyper toxique avec un manipulateur. C’est ce que décrit très bien l’auteure d’ailleurs.

Bref, j’ai aimé et j’ai été dérangée. Je crois qu’il est vraiment à lire, il nous pousse dans nos retranchements et vous aide à réfléchir sur cette notion de consentement. 
Et même si les septiques pensent que « c’est un mot à la mode », il est plus qu’important que nos enfants en connaissent le sens.

Merci V. Pour ce témoignage.

Les victorieuses – Laetitia Colombani

Solène est une brillante avocate en droit des affaires. Mais un burn out va chambouler sa vie. Elle tente de se reconstruire en acceptant une mission bénévole d’écrivain public au Palais des Femmes, un immense foyer au sein de Paris. Solène va découvrir alors des femmes dans la détresse et aux destins tourmentés qui vont lui souffler les recettes du bonheur.

Un siècle plus tôt, Blanche Peyron œuvre en faveur des démunis. Elle voue sa vie à son combat acharné à l’Armée du Salut et rêve d’offre un refuge pour toutes les exclues de la société.

Un récit bouleversant qui voue un culte aux combattantes de la vie, à Blanche l’oubliée, à toutes ces anonymes et toutes ces victorieuses qui refusent de se résigner malgré des destin tragiques.

Une ode à la femme, à toutes les femmes, à toutes celles qui luttent contre les épreuves qu’elles subissent et c’est aussi un grand hymne à la solidarité.

Un roman résolument féministe. Bouleversant et passionnant !

J’avais déjà beaucoup aimé La Tresse et l’écriture lumineuse de l’auteure.
Ici, c’est un véritable coup de ♥️.
Un livre qui bouscule notre conscience et qui nous pose des questions qui dérangent:
Que faisons-nous pour aider ces femmes ? Quand arrêterons-nous de nous voiler la face ? Sommes-nous sereins avec notre non-action ?

Personnellement, grâce à mon travail, à mon bénévolat, j’agis pour les femmes, en partenariat avec des associations et des personnes bénévoles comme moi. Mais est-ce suffisant ?